Journée de la langue française
L’association
« Notre Ecole au Fil du Temps »
propose
la dictée des « AS »
La plus grande difficulté qu’aient rencontrée les personnes qui se sont occupées de l’étude des langues, quelles qu’aient été d’ailleurs la forme et l’origine de l’idiome particulier qu’elles étudiaient, c’est sans contredit la partie théorique, ou ce qu’on appelle vulgairement la grammaire. Qu’est-ce, en effet, que la grammaire, sinon la langue raisonnée, assujettie à certains principes ou axiomes qu’on appelle règles ; principes de convention si l’on veut, mais qui finissent par obtenir la sanction de l’usage et de la pratique, au moins pour ce qui constitue la partie éclairée d’une nation.
Assurément, si chaque langue était sortie d’un seul jet du cerveau d’un philosophe ou d’un homme supérieur comme la Minerve des anciens était sortie tout armée du cerveau de Jupiter, il y eût eu moins d’irrégularités, moins d’exceptions, moins d’anomalies de tout genre. Mais il n’en a point été ainsi : les langues, comme toutes les choses de création humaine, ont eu leur enfance, leur virilité, pour ainsi dire ; elles ont eu, ou elles auront leur décadence et leur décrépitude. C’est un édifice séculaire dont la structure, toute grandiose, tout imposante qu’elle est, a reçu des accroissements successifs ; à laquelle non seulement chaque siècle, mais chaque période de temps a apporté, en quelque sorte, sa pierre.
Ainsi, pour ne parler que de notre langue, combien de vicissitudes et de métamorphoses n’a-t-elle pas subies depuis sa naissance ! Combien de mots, combien de locutions, combien d’idiotismes se sont formés, transformés, ont revêtu une foule de sens et d’acceptions divers, puis ont été sacrifiés à des formes nouvelles, pour disparaître enfin complètement de l’usage !
M.Roger